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La sédentarité, qu’est-ce que c’est et pourquoi s’en préoccuper?

14 novembre, 2019

La sédentarité, qu’est-ce que c’est et pourquoi s’en préoccuper?

Qu’est-ce que la sédentarité?

Les comportements sédentaires se définissent comme étant toute situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique ≤ 1,5 équivalents métaboliques (METs) en position assise, inclinée ou allongée (1). Se tenir debout, immobile, n’est pas considéré comme un comportement sédentaire (environ 2 METs). La sédentarité désigne donc l’ensemble des comportements nécessitant une faible dépense énergétique, tels que lire un livre ou écouter la télévision en position assise. L’inactivité physique est un concept souvent utilisé, à tort, comme synonyme de la sédentarité. Ce sont deux concepts bien différents. L’inactivité physique désigne le fait de ne pas atteindre les recommandations établies par l’Organisation mondiale de la Santé en matière d’activité physique. Pour un adulte, cela signifie de ne pas atteindre 150 minutes d’activité physique d'intensité moyenne à élevée par semaine ou 75 minutes à intensité élevée (2). D’ailleurs, saviez-vous qu’il était possible d’être à la fois actif et sédentaire? Pour en savoir plus, consultez cet article.

Une problématique grandissante

Depuis une vingtaine d’années, le concept de sédentarité suscite l’intérêt de plusieurs chercheurs en santé publique. Les avancées technologiques des dernières années ont eu comme avantage de faciliter la réalisation de plusieurs tâches mais ont aussi amené l’adoption de comportements sédentaires. Les adultes canadiens passeraient désormais près de la moitié (46%) de leurs heures éveillées à des activités sédentaires (3). En plus du temps passé en position assise au travail ou à l’école, nous passons une grande partie de notre temps hors du travail ou de l’école à être assis, soit pour se déplacer, pour manger, pour écouter la télévision, etc. (4). La quantité grandissante des comportements sédentaires de la majorité de la population inquiète de nombreux scientifiques qui étudient cette problématique, puisque la sédentarité serait associée à plusieurs risques pour la santé, notamment à un risque de mortalité précoce plus élevé (5).

Pourquoi s’en préoccuper?

L’une des premières études à s’être attardée sur la possible relation entre les comportements sédentaires et la mortalité est celle de Katzmarzyk et ses collaborateurs réalisée en 2009 (5). Les auteurs ont évalué sur une période de 12 ans quatre habitudes de vie, dont les comportements sédentaires, auprès d’un échantillon représentatif de plus de 17 000 Canadiens âgés entre 18 et 90 ans. Les résultats de leurs analyses ont montré que plus le temps en position assise est élevé, plus il y a un risque élevé de décès prématuré causé par des maladies cardiovasculaires. Autrement dit, le risque de mortalité est significativement plus élevé chez ceux qui passent le plus de temps en position assise, et ce, indépendamment de leur niveau d’activité physique. Et oui, il semble que même les gens actifs, c’est-à-dire qui pratiquent régulièrement de l’activité physique, ne soient pas à l’abri des risques associés à la sédentarité.

La sédentarité est également associée à d’autres risques pour la santé, tels que le syndrome métabolique (6), les maladies cardiovasculaires (7) et le diabète de type 2. Les risques pour la santé associés aux comportements sédentaires semblent venir de la diminution significative de la dépense énergétique par l’absence de contraction musculaire (8). Lorsque nous sommes assis, couché ou allongé, les muscles consomment moins de glucose et de lipides, ce qui contribue à une augmentation de la quantité de triglycérides (forme de gras), de cholestérol et de glucose dans le sang et, conséquemment, à un risque accru de diabète, d’athérosclérose[1] et de maladies cardiovasculaires (9). On peut s’imaginer que notre corps est comme un écran d’ordinateur : lorsque le corps est trop longtemps inactif, il se met en veille. Or, demeuré dans cet état de « veille » de façon prolongée, entraîne des risques pour la santé. Notez que le sommeil n’est pas considéré comme un comportement sédentaire.


[1] L’athérosclérose est caractérisée par la formation d’une plaque d’athérome au niveau de la paroi des artères. Cette plaque constituée de lipides a des conséquences néfastes au niveau des artères. L’athérosclérose constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur. (Passeport Santé consultation Web : https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=atherosclerose_pm)

 

Que faut-il retenir?

D’abord, l’important est de comprendre que la sédentarité et l’inactivité physique ne sont pas des synonymes. Ce sont deux concepts indépendants, bien que leurs effets sur la santé puissent se ressembler. Ensuite, si vous désirez prendre soin de votre santé, il est important de prendre conscience de votre temps quotidien passé en position assise. Ainsi, je vous invite à compter le nombre d’heures que vous passez en position assise, et ce, sur différentes journées. Il se pourrait que votre temps varie les jours de semaines et les jours de fin semaine. Enfin, je vous invite à interrompre régulièrement votre position assise afin d’éviter de rester en position assise de longues heures prolongées.

 

Références :

  • Proper, K. I., Singh, A. S., Van Mechelen, W., & Chinapaw, M. J. (2011). Sedentary behaviors and health outcomes among adults: a systematic review of prospective studies. American journal of preventive medicine40(2), 174-182.
  • Organisation mondiale de la santé (2010) Recommandations mondiales sur l'activité physique pour la santé. 60 p.
  • Rao, D. P., Orpana, H., & Krewski, D. (2016). Physical activity and non-movement behaviours: their independent and combined associations with metabolic syndrome. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 13(1), 26.
  • Koren, K., Pišot, R., & Šimunič, B. (2016). Active workstation allows office workers to work efficiently while sitting and exercising moderately. Applied ergonomics54, 83-89.
  • Katzmarzyk, P. T., Church, T. S., Craig, C. L., & Bouchard, C. (2009). Sitting time and mortality from all causes, cardiovascular disease, and cancer. Medicine & Science in Sports & Exercise41(5), 998-1005.
  • Healy, G. N., Wijndaele, K., Dunstan, D. W., Shaw, J. E., Salmon, J., Zimmet, P. Z., & Owen, N. (2008). Objectively measured sedentary time, physical activity, and metabolic risk: the Australian Diabetes, Obesity and Lifestyle Study (AusDiab). Diabetes care31(2), 369-371.
  • Dunstan, D., Healy, G. N., Sugiyama, T., & Owen, N. (2010). Too Much Sitting and Metabolic Risk - Has Modern Technology Caught Up with Us(Doctoral dissertation, No Code).
  • Dunstan, D., Howard, B. J., et coll. (2017). « Chapter 3: Physiological Effects of Reducing and Breaking Up Sitting Time », Dans: Zhu, W., Owen, N., éditeurs, Sedentary Behavior and Health: Concepts, Assessments, and Interventions, Human Kinetics, p. 31-44.
  • Tremblay, M. S., Colley, R. C., et coll. (2010). « Physiological and Health Implications of a Sedentary Lifestyle », Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, vol. 35, n°6, p. 725-740.